De la France à l'Amérique

pere augEn 1848 naît en Irlande à Dublin, Augustus fils de Mary McGuiness une irlandaise et de Bernard Saint-Gaudens.

Celui-ci transite en Irlande depuis sa France natale vers les Amériques. C’est un trajet maritime bien moins onéreux que nombres d’émigrés européens empruntent en direction de New-York dans les grandes années d’émigration autour de 1850.

 Le couple parvient à destination alors qu’Augustus a 6 mois. Son père, qui avait été cordonnier à Aspet dans les Pyrénées françaises comme l’étaient avant lui son propre père et son grand-père, s’installe comme tel à New-York. Il y connait un certain succès, fabriquant des chaussures françaises qui deviennent à la mode.

 Augustus est scolarisé à New-York. Il manifeste très tôt du talent. Il devient alors apprenti puis ouvrier chez un tailleur de camées renommé. Le soir, il suit des cours de dessin et de modelage à la Cooper Union School, puis à la National Academy of Design

De l'Amérique à Paris

En 1887 à 19 ans, Augustus Saint-Gaudens se rend à Paris pour étudier à l’Ecole des Beaux-Arts. Il puise là l’inspiration de son art, très influencé par la Renaissance française et  italienne. Il s’inspire de Donatello, Michel-Ange, et de contemporains tels que Paul Dubois et François Rude. Il parvient à éviter l’académisme « pompier » de l’époque. Il se situe entre l’idéalisme des préraphaélites, la discipline classique de l’école française, et la tradition américaine.

Il écrivait dans ses mémoires (1):

« L’imagination doit pouvoir recréer les scènes , les incidents qui nous frappent dans la vie réelle, les condenser, et plus ils seront fidèles à la réalité, plus l’imagination sera à même d’éliminer ce qui nous a paru très beau , ou alors saisissant, ou caractéristique, voire laid »

A Rome

hawathaLa guerre franco-prussienne obligea le jeune artiste à se rendre à Rome poursuivre son apprentissage. Il se forma tout en s’installant comme artiste indépendant pour gagner sa vie.

 Il entreprit là sa première œuvre importante : le jeune héros indien HAWATHA.

Cette œuvre fut financée par M.Gibbs, un riche collectionneur. Celui-ci lui présenta un autre collectionneur important : W.M.Evarts. Ce dernier passa plusieurs commandes à Augustus Saint-Gaudens, dont un buste à réaliser aux USA.

Retour à New-York

Après 5 ans, Augustus revoit enfin sa famille. Il a mûri, et ses capacités artistiques également.

Evarts dont il réalise le portrait, le présente à des amis de son cercle. Ceux-ci passent nombre de commandes à l’artiste, bustes, statues- copies d’œuvres antiques.

 Augustus initie son frère cadet Louis et un ami à l’art des camés, dans le projet de revenir à Rome ouvrir une boutique afin de répondre à cette demande très à la mode de l’époque.

Finalement le HAWATHA est vendu à un sénateur, Edwin D. Morgan, ce qui contribue à la renommée d’Augustus.

Passage décisif à Rome et installation à New-York

En 1873-74, Augustus retourne à Rome réaliser son projet. Il y retrouve Augusta HomBiographie d'Augustus Saint-Gaudens (1848-1907)er, une artiste compatriote dont il est amoureux. Il admire chez elle sa détermination, sa forte personnalité, son sens des affaires, autant d’atouts que le jeune homme ne possède pas. Elle étudie la peinture, réalisant des copies de sujets historiques.

 Ils se marient en 1875 à New-York où Augustus s’installe cette fois.

 INSTALLATION A NEW-YORK

L’artiste partage un atelier avec un sculpteur David Amstrong, un peintre John Lafarge, et surtout avec un jeune architecte Stanford White. Débute une longue collaboration originale entre le sculpteur et l’architecte. Tous ces jeunes artistes avides d’échanger leurs visions artistiques, participent au mouvement de la renaissance américaine. Augustus Saint-Gaudens en sera une figure phare.

L'académie des artistes Américains

A partir de 1877, ces jeunes talents se réunissent régulièrement formant un cercle d’artistes appelé le Tile Club. Ils confrontent leur différentes approches, vont visiter des œuvres, assistent à des manifestations artistiques. En opposition à la vieillissante Academy of Design de New-York fermée aux esprits novateurs, le cercle décide de fonder les bases de la future Académie des Artistes Américains.

Séjour à Paris

Dans l’atelier de Millet à Paris ou bien dans son propre atelier rue Notre-Dame des Champs, Augustus Saint-Gaudens fréquente et rassemble des artistes , tels que Frank Millet, William Brunce, Georges Butler, Henry Bacon et John Singer Sargent.

 En 1878, Augustus fait partie du jury pour l’Exposition Universelle afin d’évaluer les œuvres des artistes américains stanfordqui seront exposées. Les jeunes artistes de la nouvelle Académie des Artistes Américains remplaçaient ainsi l’ancienne garde. L’affaire fît grand bruit à New-York où dans le même temps était exposé avec succès le retable  d’Augustus Saint-Gaudens à l’Eglise Saint-Thomas.

A Paris, l’artiste réalisa des portraits en bas-relief, pour de riches américains séjournant en France. Lorsque Standford White vint en France, ils partirent pour un long voyage dans le midi de la France. Leur amitié était scellée

La propriété de Cornish

En 1884 Augustus reçoit la commande pour une statue de Lincoln. Il s’y mettra en 1885 lorsqu’il aménage à Cornish qui est d’abord une location d’une ancienne auberge. Pour faire face à toutes les commandes en cours, l’artiste fait venir auprès de lui son frère Louis, et deux assistants. C’est le début de ce qui deviendra un haut lieu américain de formation artistique. Pour le moment, les Saint-Gaudens n’y séjournent que l’été.

 Quatre ans plus tard, le couple achète la propriété et la baptise « Saint-Gaudens ». La maison restaurée s’appellera "Aspet". Augustus place ici le souvenir vivant de ses origines pyrénéennes françaises. La similitude géographique entre le mont Cagire près d’Aspet et le mont Ascutney près de Cornish est frappante.

 Dès le premier été, une colonie d’artistes pour la plupart new-yorkais ayant étudié ou visité Paris, se retrouve dans la propriété qui ne tarde pas à devenir également un lieu de formation pour de jeunes artistes. Un grand atelier toujours existant et devenu un musée, est édifié. Ce premier atelier sera détruit en 1904 par un incendie. Il sera reconstruit plus vaste et mieux adapté au développement des activités en ce lieu.

 Dans tout le village séjournent des artistes peintres, sculpteurs, écrivains, musiciens, architectes. Beaucoup participent à la préparation de l’exposition de Chicago prévue en 1893. Ce sera un succès .

Augustus fait entièrement réaménager la propriété, créant même une piscine ce qui est nouveau à l’époque. Il y séjournera définitivement en 1900.

La réussite de 1893 à 1900

timbreDans cette période, l’artiste confirme sa notoriété en Amérique et en Europe. Il est de toutes les manifestations artistiques, il crée, il forme aussi des élèves dans son atelier-maison de Cornish.

 En 1893 a lieu une grande exposition à Chicago, rassemblant quelques cinquante artistes. Augustus est chargé de coordonner l’ensemble. Il fait un discours : 

« Vous rendez-vous compte qu’il s’agit du plus grand rassemblement d’artistes depuis le quinzième siècle ! ».

Pour la sculpture Augustus joue le rôle de conseiller et fonde avec d’autres la National Sculpture Society. 

A Aspet en France

En 1897, l’artiste est au faîte de sa gloire dans son pays alors qu’il demeure mal connu en Europe. Est-ce pour cette raison qu’il décide d’un voyage en France ? Est-ce par nostalgie de ses origines ? Il parle dans ses souvenirs de ses états de dépression : 

« J’avais un tel cafard que j’ai ressenti, pour la deuxième fois de ma vie, une absence totale d’ambition, un dégoût pour toutes les choses qui me tenaient à cœur, un désir d’en finir avec la vie… »

En France depuis quelques mois à Paris, l’artiste décide en octobre de se rendre pour la première fois dans la région natale de son père. Celui-ci est mort 9 ans auparavant, et Augustus commence à s’intéresser à son passé. Il demande à un ami de jeunesse aux Beaux Arts de l’accompagner : Alfred Garnier, un émailleur de renom dont les grands musées achètent les œuvres.

 L’arrivée à Aspet en Comminges dans les Pyrénées centrales bouleverse Augustus. Il écrit : 

"Il m’est impossible de décrire mon émotion quand je suis arrivé au village dont mon père parlait si souvent, et que j’ai vu mon nom au dessus d’une porte au bout d’une petite rue étroite où un de mes cousins avait une cordonnerie et faisait aussi le commerce du vin. C’est une étrange sensation de se trouver en pays de connaissance dans un endroit où l’on n’était jamais venu avant.».

Des années après sa mort, le fils découvre que le père avait raison de lui décrire la beauté de sa région natale. L’artiste fait la connaissance de ses cousins Hector et Louis Saint-Gaudens, cordonnier et facteur. Il passe des moments merveilleux dans le village où il écoute les souvenirs et amasse photos et dessins. Il se rend également à Salies-du-Salat, deuxième lieu de résidence de ses parents. Augustus ne reviendra jamais dans la région, mais son épouse Augusta la visitera en 1909.

 Revigoré et rajeuni, Augustus continue son voyage jusqu’à Rome. Puis Naples, Pompéi et la côte amalfitaine avant de revenir à Paris.

 Pendant deux ans, l’artiste prépare ses œuvres pour l’exposition universelle de 1900. Il y présentera le Sherman, le haut-relief du Colonel Shaw, le Puritain et Amor Caritas.

Médailles

/medailleAugustus Saint-Gaudens fut un grand médailler, lui qui avait appris jeune l’art des camées.

Il créa pour l’état nombre de médailles commémoratives, telles celles pour une exposition consacrée à Christophe Colomb, celles consacrées au centenaire de l’investiture de George Washington, puis l’investiture de Théodore Roosevelt. Celui-ci demande son concours à Augustus par admiration des réalisations de l’artiste et au nom de l’amitié qui les liait.

 Remarquable fut la plaque originale crée à la suite de la fête à thème mythologique préparée par  «  La colonie de Cornish » afin d’honorer l’artiste déjà malade à la suite d’une opération du cancer du colon en 1900. La troupe composée de soixante dix hommes et femmes avait préparé une pièce de théâtre, puis un souper aux chandelles dans l’atelier nouvellement reconstruit où Augustus et Augusta Saint-Gaudens furent conduits en char décoré de fleurs. Ceci vingt ans après leur installation à Cornish. En souvenir de cette journée si émouvante et chaleureuse, Augustus créa un grand relief en bronze intitulé «  Mascarade de la Coupe d’Or », qui fut ensuite reproduit en petite dimension et vendu en plusieurs exemplaires.

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